Dans le monde de la reconstitution, qu’elle soit médiévale, celte ou encore des guerres napoléoniennes, il est une expression qui revient à de très nombreuses reprises, souvent assortie d’un regard méprisant, et suivit d’une réprimande plus ou moins appuyée: « C’est pas histo! »

Mais sur quoi se basent les reconstituteurs pour pouvoir valider ou critiquer un élément de costume, d’arme ou encore d’armure? L’immense majorité de nos sources provient du travail de professionnels passant de nombreuses heures dans la boue des fouilles archéologiques et des analyses et publications qu’ils en tirent. Plongez dans leur travail le temps de cet article en suivant une équipe de l’université de Lausanne sur les fouilles de l’oppidum de Bibracte, en Bourgogne.

Le site de Bibracte est fouillé depuis 1988 par les équipes des sciences de l’Antiquité de l’université de Lausanne, qui se concentrent depuis quatorze ans sur une domus, sobrement nommée PC 1, qui compte parmi les plus riches du site. Cette domus, une maison de type méditerranéen adoptée par les Eduens, proches alliés de Rome, fait partie du secteur du Parc aux Chevaux, un quartier d’habitations luxueuses hébergeant l’aristocratie locale. Ce secteur est encore fouillé à l’heure actuelle par l’école de fouilles, ce qui permet à des jeunes désirant s’initier à l’archéologie de faire leurs premières armes.

Puis, de 2002 à 2008, le chantier école de l’IASA (Institut d’Archéologie et des Sciences de l’Antiquité) a déménagé sur le Theurot de la Wivre, un affleurement rocheux du site. Les trouvailles ont été bien différentes des riches découvertes trouvées au Parc aux chevaux: seul une petite maison en matériaux légers, terre et bois, a été retrouvée. Pourtant c’est sur cette roche que l’on situe la fameuse harangue de Vercingétorix à ses troupe avant de partir en guerre contre Rome.

Depuis 2008, l’université a encore changé de site et s’est attaquée au Theurot de la Roche et celui-ci a servi de chantier-école aux étudiants débutants. Mais depuis 2012 il sert de chantier de perfectionnement uniquement, les débutants allant sur le site de Vidy, à Lausanne.

Cette part de l’oppidum devait probablement servir de secteur cultuel, de nombreux bâtiment semi-excavés ont en effet été mis à jour au sommet de l’élévation. Les travaux ont pu confirmer la présence de bâtiments repérés par Jacques Bulliot, le passionné qui a réussi à confirmer la place de l’oppidum sur le site dans les années 1870. Depuis 2008, les fouilles ont permis de documenter le bâtiment nommé PS 0, dont une élévation de mur a été restituée afin que les visiteurs puissent mieux comprendre son importance.

En plus de ce qui est interprété comme un fanum, un temple gallo-romain, plusieurs fosses ont été retrouvées, creusées directement à travers la roche mère, preuve d’une grande motivation pour installer des bâtiments sur le site. Une de ces fosses a même révélé un umbo, renforcement métallique de bouclier.

La découverte récente la plus marquante a été un puits de 17 mètres de profondeur, dont la fouille a été réalisée à l’aide d’archéologues professionnels car ce type de travail est particulièrement difficile et nécessite un haut degré de spécialisation. Cette fouille a permis de révéler un matériau très rare sur les fouilles: du bois. Celui-ci possède un taux de conservation proche de zéro sur ce site à cause de l’acidité de la terre. Cette découverte permettra de comprendre de nombreuses choses sur l’utilisation du bois sur ce site, lorsque les recherches qui ont été consacrées à ces objets seront achevées et publiées.

L’université continue encore en ce moment l’étude du site, particulièrement pour comprendre la relation entre les bâtiments du haut du site et le reste de l’oppidum. C’est pourquoi plusieurs sondages ont été ouverts et les archéologues espèrent que cette campagne 2014 permettra d’apporter de nouvelles réponses aux énigmes posées par ce site.